Entreprendre ? (1)

Entreprendre ça a été longtemps un GROS mot pour moi, ces deux dernières années, en plus du reste, j’ai pris le temps de l’apprivoiser. Bon ça n’est pas devenu mon mot préféré, il y a tellement de mots ! Mais maintenant il est un mot comme les autres pour moi, avec une (ma) définition claire qui correspond à mes valeurs !

Entreprendre, pour faire simple, dans mon imaginaire, ça a longtemps correspondu à ce qui n’était pas moi, ça ne m’appartenait pas. Ça ne pouvait pas puisque ça faisait écho à des valeurs qui s’opposaient aux miennes. En réalité, c’est une notion sur laquelle je n’avais pas pris le temps de me pencher et comme souvent quand c’est comme ça, j’avais un concept flou, non abouti, et très tranché…
Alors je pensais quoi? Faisons un résumé, caricatural, mais qui suffira à éclaircir mon propos : entreprendre c’était l’individualisme versus l’altruisme, un monde dans lequel on fait pour soi, qui s’oppose à un monde où l’on fait ensemble pour et avec les autres, les patrons face aux salariés, l’argent contre l’être humain.
Pour vous faire une idée, vous pouvez taper « entreprendre » sur un moteur de recherche et regarder les illustrations qui ressortent, plein d’hommes avec des cravates et des graphiques faisant un bond vers le haut… J’avais prévenu, je n’ai pas fait dans le détail, mais ça a le mérite d’être clair, non ?
Cette vision de l’entreprenariat qui était dans ma tête, n’est pas que la mienne, elle repose sur une culture et pour partie sur des valeurs qui ne me vont pas.
Mais après un minimum de réflexion, entreprendre c’est tellement plein d’autres choses : il y a des professionnels qui prennent soin, qui construisent, qui défendent, qui amusent, qui cultivent (dans tout les sens du terme), qui réfléchissent… Entreprendre c’est aussi simplement une (belle ) façon de participer au monde. Et puis aujourd’hui c’est aussi un fonctionnement dont s’emparent ceux qui veulent travailler autrement, dans un autre rythme et dans une autre vision du monde dans lesquels je me retrouve.

En me penchant sur le sujet j’ai vite réalisé que je faisais un truc que je déteste, je généralisais, j’avais mis derrière un mot un mode de pensée (qui existe), des valeurs, plein de choses négatives pour moi et l’avais réduit à ça : hop entreprendre c’est mal. C’est un biais dangereux pourtant d’interpréter un mot sans nuancer, de ne pas prendre le temps d’en voir toutes les variantes, de ne pas se rappeler qu’un mot c’est avant tout l’usage qu’on en fait et que des usages il y en a plein…
Alors oui, il y aura toujours un pan de l’entreprenariat qui ne me correspondra pas, une proposition politique qui à mon avis précarise le monde du travail… Mais le mot lui il ne m’a rien fait, juste il y a des gens qui mettent dedans des choses qui ne me plaisent pas. Mais moi je peux y mettre d’autres choses ! Même plus, il y a déjà plein de gens qui le font.
Pour tenter d’apprivoiser ce mot je suis retournée aux sources, les définitions, le dictionnaire. Pour être précise, j’ai choisi à chaque fois la définition la plus proche de mon sujet écartant les autres. J’ai commencé par mon petit Larousse illustré que ma Maman m’a offert en 2005, il y a 19 ans donc!

Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller chercher l’illustration


D’après lui Entreprendre c’est : « Commencer à exécuter », dans la version actuelle en ligne, c’est un peu plus long « Commencer à exécuter une action, en général longue ou complexe ». Le CNTRL dit à peu près pareil (définition B), le Petit Robert dit « se mettre à faire ». Toutes les définitions que j’ai trouvées sont proches et somme toute très généralistes, un peu loin de mon sujet.
Je suis donc allée voir entrepreneur,euse (déjà en 2005 il y avait la distinction!) dans les mêmes ouvrages : « on parle de Chef d’une entreprise (en particulier du bâtiment en 2005 ça n’y est plus aujourd’hui) « pour le petit Larousse et de « Personne qui dirige une entreprise pour son compte » dans le Petit Robert.
J’ai noté une légère évolution du terme dans les définitions que j’ai trouvées, on sent une généralisation mais on reste sur un mot qui se rapproche du « patron ». L’impression que j’ai c’est que la définition est en train de se transformer à partir de l’évolution de la société.
Bon je n’y étais pas encore, je suis allée chez les spécialistes, et j’ai trouvé une page entière sur le site de la BPIFrance, j’ai retenu ces 3 phrases : C’est une personne qui agit en toute indépendance et qui est responsable de ses actes. Il n’est pas placé sous la subordination juridique d’une autre personne. C’est ce qui le distingue du salarié. Il est donc libre d’organiser son travail à sa convenance, choisir ses clients, fournisseurs et sous-traitants, fixer ses prix, etc.

Après cette petite prise de recul, des lectures, des échanges avec d’autres dans la même démarche que moi, j’ai pu intégrer ce que ce terme allait refléter pour moi :
– Un changement de statut et pas des moindres, avec une vision du monde à ajuster
– La possibilité d’être à mon rythme, indépendante et donc pleinement responsable
– Une prise de risque, « une action longue et complexe »
– Une chose sacrément enthousiasmante et totalement flippante
– Un concept en évolution qui est à inventer/réinventer pour peut-être ne pas faire peur aux « Moi » à venir…

Une fois que je suis arrivée là, le mot me fait beaucoup moins peur, sauf qu’il y a un sauf… ça reste quelque chose de très individuel ce concept et le fait d’être seule pour travailler au quotidien, d’autant plus que je prône l’intelligence collective, ça me chiffonnait sérieusement mais je crois que j’ai trouvé une solution… ça j’en parlerai dans un article à venir. Affaire à suivre donc…

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