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De la cuisine (1)

En quoi j’aime la cuisine et pourquoi cette drôle d’inspiration de la proposer mélangée à des actions de facilitation ?
C’est ce que je démêle dans ce texte dont l’écriture m’a menée bien plus loin que je le pensais en le débutant !!
Je crois que l’idée qui ressort le plus, c’est que ce que je propose là est issu de mon expérience quotidienne en famille, au boulot, entre amis, et des observations que j’en ai tirées, une fois que j’ai commencé à rédiger, ça a fait feu d’artifice !
A tel point que pour le raconter, j’ai fait deux articles pour ne pas vous perdre sur la longueur. Ce premier opus raconte ce qu’est la cuisine pour moi et le moment où elle s’est immiscée dans ma vie professionnelle.

Alors en dehors des bananes écrasées que semble t il je mangeais à foison d’après la mythologie familiale [je n’aime plus vraiment les bananes aujourd’hui mais je les cuisine, vive les banana bread], mon premier souvenir c’est le biscuit de Savoie.
Celui que j ’ai fait toute seule comme une grande [Alors toute cette histoire est un souvenir, avec tout ce que ça implique sur sa véracité mais il est important pour moi], donc j’ai genre 7 ans, il fait beau, on a mangé avec mes grands-parents dehors à l’ombre du poirier et du tilleul. Les adultes parlent après le repas et moi je veux faire un gâteau. J’ai un accord de principe, quand ma mère vient vérifier, j’ai déjà bien attaqué, à sa grande surprise. Pas une des recettes de mes livres pour enfants mais une vraie pour les grands, le biscuit de Savoie avec 8 œufs dedans. Ils étaient déjà séparés blanc/jaune, je ne me rappelle pas les détails mais je pense qu’elle n’était pas hyper contente.. et n’avait pas du tout envie de gérer ça. Pour elle c’était le gâteau qu’on loupe, avec la gestion des blancs en neige…bref je crois pas m’être fait enguirlander, elle a dû dire « tu te débrouilles, on verra bien » et m’a laissée terminer seule ! Il s’avère que j’ai fait un super beau biscuit de Savoie, un des gâteaux préférés de mon père et de ma grand mère, je ne sais pas si je le savais avant mais leur plaisir je m’en souviens bien. Si je raconte cette histoire, c’est parce que je trouve qu’elle est déjà révélatrice de beaucoup de choses dans mon rapport à la cuisine : j’adore tester/expérimenter de nouvelles recettes, un peu d’improvisation et de bordel organisé – J’aime faire pour les autres – Et puis il y a la place de l’autonomie et de la responsabilité, notions qui sont fondamentales pour moi à titre personnel mais aussi dans la vision du travail en équipe que je mets en avant dans mes interventions.

Et après, j’ai grandi, et j’ai goûté :
les lasagnes que ma mère fait pour son anniversaire : je n’en ai jamais mangé mais j’ai une sinusite et 40 de fièvre, je goûterai une autre fois !
le goulasch avec la semoule gonflée au jus du ragoût,
le cochon que mes parents achètent entier et les rillettes cuites dans la cheminée,
les omelettes de ma grand mère et le rôti de bœuf de l’autre grand mère,
la quiche de mon père,
les plats chez les autres que parfois on aime pas et qu’on appréhende (la sauce salade tamari/levure),
le pain au levain chaud,
le taboulé et le couscous de ma mère,
les glaces à la mûres faite maison par Sylvie après le ramassage aux Mares,
les lentilles que je ne voulais pas manger,
les raviolis (il y en avait jamais assez) et les yaourts à la fraise que personne ne voulait manger,
les huîtres du dimanche midi de Franck,
le porto pour accompagner le foie gras d’Isabelle…
Bon je vais arrêter avec mes madeleines à moi, plus j’en écris, plus ça revient, c’est assez chouette d’ailleurs ! Je pense que les souvenirs de cuisine font écho pour de nombreuses personnes comme pour moi, que c’est un univers qui parle à beaucoup, dans lequel, gourmand ou cuisinier, on a des choses à se dire, dans lequel on peut se relier .

Dernière petite anecdote, j’ai 19 ans, je suis à l’université et habite à la cité U, avec l’association des résident on organise des soirées… et un jour on a l’idée d’un repas partagé dans lequel chacun ramène un plat/une boisson de sa région/son pays… [j’avais fait un lapin au pruneau ou au cidre ?*] … Un peu à l’arrache l’organisation, de ses trucs semi-improvisés qui sont un succès, vous imaginez environ 20 pays ? Et je ne me rappelle pas le nombre de régions françaises. En dehors des découvertes gastronomiques, ça a surtout été un moment d’échange et de rencontre, des étudiant.e.s jamais vu.e.s avant sont venu.e.s et le dialogue a été simple, à partir de ce champ commun fait de différences qu’est la cuisine ! Avec des riens, on a fait du lien !
Et puis j’ai commencé à vivre seule et à apprivoiser mes recettes, la première c’est les pâtes au saumon (toujours le même succès aujourd’hui), et mon registre a mûri, pour moi c’est juste la vie qui a passé, mais je sais que ma relation à la cuisine n’est pas celui de tout·es, je cuisine pour les autres, enfin pour le plaisir du partage et je réalise maintenant aussi que c’est un moyen de me déconnecter, d’être entière à ce que je fais. Vous connaissez le concept de l’état de flow [Sinon allez voir ce qu’en dis ciloubidouille, j’aime comment elle explique] ? La cuisine [mais pas que] me permet d’y entrer parfois…

Alors parlons de choses sérieuses, j’aime cuisiner quoi et comment? :

  • des recettes trouvées dans des livres, d’autres qu’on m’a transmises et puis des que j’improvise à partir de ce que je connais. Le plus souvent c’est bon, parfois c’est vraiment top et quelquefois c’est raté mais pas souvent !
  • Des salades géantes, mais pas trop celles avec des pâtes et du riz dedans, plutôt plein de légumes et du fromage.
  • Des sauces extraordinaires pour les salades mais aussi pour accompagner et tremper, des tiptikis, des Tzatzikis, des tartinades
  • des plats improvisés à partir de ce qu’on a sous la main, je travaille l’art d’utiliser les restes !
  • des plats inspirés des cuisines du monde.
  • des woks, des tajines, des bricks, des mochis, des poutines parfois,
  • des soupes,
  • des plats à base de lentilles (oui celles que je ne mangeais pas petite !).
  • des repas où on met tout sur la table et chacun compose son assiette (avec la plancha parfois!).
  • pour plein de gens – j’ai du mal avec les petites quantités mais je m’en sors,
  • Des plats cuits doucement, très longtemps, très très longtemps..
  • sur le feu vivant, cheminée, barbecue, poêle à bois, brasero,
  • Des choses nouvelles jamais faites.

Là aussi je pourrais continuer longtemps, et faire évoluer, selon les saisons, selon les rencontres, selon les gens avec qui je suis… vous avez remarqué comment une recette à mille variantes, une par famille ? par personne ? Vous voyez le terrain de jeu pour apprendre à décider ensemble? Moi oui 🙂

Mais ne nous égarons pas, on parlera de ça dans l’article suivant, là on raconte comment la cuisine s’est immiscée dans ma vie professionnelle et justement on y arrive… Un jour avec Ma Copine [vous savez une de celle Là, celles avec qui tout est possible!!] Qu’on en a pas beaucoup des comme ça] et bien un jour, plusieurs jours même, on s’est mis à s’imaginer travailler ensemble. On aurait un lieu multi tout librairie, café, resto, lieu de partage, lieu de tous les âges… bref je vous passe les détails et dans ces discussions si quelqu’un cuisine, ça serait moi… Ce projet aujourd’hui il se repose, mais il a déjà semé des choses. Notamment une graine dans ma tête, ça donnerait quoi si je cuisinais pour mon travail ? La seule solution que j’ai trouvée alors que j’étais déjà en poste pour faire des stages, des immersions… c’est de passer un CAP cuisine, ça n’a pas été possible à ce moment-là, mais quand mon contrat a été terminé, j’ai évoqué cette idée à pôle emploi. Il s’est avéré que je pouvais commencer un CAP cuisine à distance la semaine suivante… c’était en janvier 2022, j’étais au chômage depuis 15 jours, hé bien j’ai dit GO.

Ce projet de lieu où on accueillerait de multiples façons, il était toujours dans ma tête et en parallèle du CAP, des stages et des petits contrats de travail de ces deux dernières années, il a cheminé. Si je n’ai pas de lieu, alors comment travailler dans cet état d’esprit, celui d’accueillir et de prendre soin, de proposer une autre relation au monde et entre humains ? C’est une des origines de Faridelle : sans lieu d’accueil pour mettre les gens autour de la table, pourquoi ne pas aller à eux, et leur apporter la cuisine ? A partir de cette idée, et debien d’autres, j’ai concocté la proposition actuelle.

Pour terminer cet article, une petit anecdote encore, une très actuelle . J’écris durant ce weekend de mai qui dure 5 jours ! Et qui est plein de soleil, propice au plaisir d’être ensemble et de cuisiner. Ma grande fille a fait une savoureuse salade avec notamment dedans une baguette durcie (devenue superbes croûtons à la tomate) et une salade en voie de dépérissement, elle a préparé des œufs cocottes sur mesure pour chacun avec des ingrédients du frigo. Mon compagnon a fait mariner et griller de la ventrèche avec du citron et du miel. Moi j’ai fait du tiramisu à la mûre et à la rose, parce que personne ne mangeait les biscuits à la cuillère qui étaient ouverts depuis…je sais même pas d’où ils venaient, parce que j’ai dû décongeler des mûres pour faire de la place dans le congélateur et parce que le mascarpone traînait dans le frigo depuis trop longtemps, ça+ça+ça = idée et giga-tiramisu !!!


Si je vous raconte ça, ca n’est pas juste pour le plaisir de partager mes incroyables week-end gourmands [je vous assure que tout n’est toujours idyllique dans ma cuisine] mais parce que ça résume beaucoup de ce que j’aime dans la cuisine : faire ensemble et pour les autres ; utiliser ce qu’on a sous la main ; improviser ; partager et transmettre ; s’inspirer des livres/émissions dédiés mais aussi de romans, films, repas dans la famille/chez les amis, des ingrédients eux mêmes, du moment que l’on vit…

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Un commentaire

  1. C’est très bon, la salade tamari lebure, tu devrais regoûter 😉. J’ai bien aimé cet article, et la façon dont tu racontes ton rapport à la cuisine et ses origines.

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