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Intelligence collective : contrainte libératrice et confiance

La facilitation et l’intelligence collective sont intimement liées :
– proposer la facilitation, c’est créer un espace d’épanouissement pour l’intelligence collective
– pratiquer la facilitation, c’est s’appuyer sur l’intelligence collective, c’est créer un cadre de confiance pour que chacun trouve sa place dans le collectif et puisse s’exprimer, créer, inventer.
Dans mon article précédent sur le livre « L’intelligence collective », pour ne pas allonger encore mon texte, j’ai choisi de ne pas m’étendre sur certains points et j’ai gardé quelques éléments pour avoir tout plein d’espace pour en parler !

J’adore l’expression « contrainte libératrice« , je l’ai rencontrée, je ne sais plus où ni quand exactement ces dernières années mais je l’ai faite mienne 😊.
J’ai toujours aimé, j’aime toujours les exercices d’écriture où sont imposés des mots, des thèmes,
j’aime aussi cuisiner avec les 3 ingrédients qui restent dans le frigo et une panne de gaz,
quand il n’y a plus d’électricité et qu’il faut réinventer la soirée,
ça m’amuse d’inventer un jardin dans les cailloux,
J’ai toujours voulu une maison/foyer/nid sécure pour pouvoir m’en échapper et aller affronter le monde en me sentant forte de ce refuge,
et aujourd’hui quand un client potentiel m’appelle et commence à me parler du temps qu’on aurait, du nombre de personnes, de leurs objectifs, de tout ce que je dois prendre en compte pour proposer et adapter mon intervention, mon cerveau s’emballe, les idées surgissent…
Généralement les membres de mon entourage préfèrent se terrer pour ne pas être pris dans la tourmente 😏.

Cette contrainte libératrice est une idée importante, qui peut devenir une façon d’appréhender le monde : si plutôt que de subir les contraintes on s’en emparait pour s’appuyer dessus? Si on utilisait ce qui nous freine pour aller plus vite et plus loin ? Je ne sais pas si les physiciens valideraient l’idée mais je pense que ça fonctionne dans de nombreuses situations de la vie.
Cette contrainte libératrice c’est ce qu’apporte la facilitation, les auteurs du livre parle de membranes, une couche protectrice vivante pour le groupe. C’est le cadre que l’on pose pour que se déroule en confiance le temps d’échange, de travail. Ce sont des règles simples, une logistique pensée dans le détail, un processus qui guide… J’ai fait un petit schéma pour résumer les pages 132/133 du livre intitulées « Comment ça marche et pourquoi ça marche? »

Membranes en intelligence collective; le cadre en facilitation

Ces règles et le processus précis qui cadrent le travail, vont agir en 3 étapes avec le temps et l’utilisation (p.134):
1) L’ego se détend avec la confiance installée et le constat d’efficience du travail,
2) L’autre n’est plus vu comme un danger mais comme une ressource,
3)Les participants convaincus utilisent et diffusent les pratiques d’Intelligence Collective.

Au sein de l’espace protecteur et pour le consolider, la confiance est une autre clé pour l’émergence de l’Intelligence Collective. Les auteurs listent des éléments essentiels qui sont de fait les outils et postures de base de la facilitation (p.156 à 159) :

  • Le temps de l’arrivée dans la rencontre/des retrouvailles/de l’accueil,
  • Le tour météo qui peut prendre des formes loin de la météo mais qui a pour but de prendre le pouls, de partager l’état d’esprit de chacun et est un facteur d’inclusion,
  • Se donner (pour le facilitateur) les conditions de sa présence au groupe, le temps du recentrage et de concentration,
  • Poser la membrane du groupe,
  • Redonner ou définir l’intention du temps de travail,
  • Partager les attentes/intentions/visions,
  • Porter une attention particulière à la définition et au respect du temps,
  • Favoriser l’authenticité et laisser le temps aux liens humains,
  • Diviser le temps imparti en moments d’ouverture (émergence des idées/échange…) et de fermeture (synthèse/recentrage/prise de décisions),
  • Avoir confiance dans le groupe et dans le processus,
  • Lâcher prise sur le résultat attendu, laisser la porte ouverte à l’inattendu
  • Prendre le temps de la clôture : bilan de ce qui a été fait et bilan personnel de chacun (avec quoi/comment je repars).

En écrivant cet article, je me dis que se serait pas mal que je garde ce texte pas loin de moi comme check-list pour chaque intervention que je prépare, même si ça devient une habitude, des réflexes de travailler comme ça :

– pour ne jamais oublier pourquoi je fais ce que je fais, les valeurs qui y sont liées,
– pour ne pas choisir la facilité d’en faire moins, de laisser de côté des choses si simples mais indispensables !
– pour ne pas perdre la fraîcheur et l’authenticité de la posture.

Tout ce que je viens de lister, ce sont des choses à la fois relativement simples et qui exigent le choix d’une certaine discipline, d’accepter que les contraintes existent et de les voir comme constructives. Ce sont des pratiques à mettre en place avec des personnes qui y sont ouvertes, sur lesquelles mettre des mots pour que chacun ait conscience de ce à quoi il participe. Ce sont surtout, je crois, des moments à vivre, à partager et que chaque groupe doit s’approprier et composer à sa mesure !

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