Cuisine(2)

En quoi j’aime la cuisine et pourquoi cette drôle d’inspiration de la proposer mélangée à des actions de facilitation ?
C’est ce que je démêle dans ce texte dont l’écriture m’a menée bien plus loin que je le pensais en le débutant !!
Je crois que l’idée qui ressort le plus, c’est que ce que je propose là est issu de mon expérience quotidienne en famille, au boulot, entre amis, et des observations que j’en ai tirées, une fois que j’ai commencé à rédiger, ça a fait feu d’artifice !
A tel point que pour le raconter, j’ai fait deux articles pour ne pas vous perdre sur la longueur. Ce deuxième opus raconte comment à l’origine de Faridelle, il y a ce genre d’idée intuitive pour laquelle les pièces semblent se mettre en place d’un seul coup.
D’un côté j’avais envie de continuer à accompagner les équipes et de l’autre le CAP cuisine est arrivé dans ma vie, plus vite que prévu.
Ajoutez à ça la chance d’avoir eu (pris) le temps pour laisser mûrir, relier et analyser et nous avons la genèse de ce qui constitue mes propositions!
Si vous êtes pressés j’ai tout résumé à la fin !

Vous avez déjà essayé de faire cuisiner plusieurs enfants ensemble ? Une solution est de tout leur préparer pour que chacun fasse Son plat avec ses ingrédients. On limite les risques, mais c’est une sacrée gestion en amont, qui laisse peu de place à l’envie de dernière minute. On peut aussi leur proposer de faire ensemble, ça nécessite aussi beaucoup d’organisation et de présence. Surtout quand on veut leur laisser un maximum d’autonomie et que chacun trouve sa place dans les tâches marrantes comme dans les plus pénibles (et que si possible ils ne vous laissent pas un tas géant de vaisselle dans une cuisine dévastée). Mais cette option est géniale avec le temps, quand petit à petit, de recette en recette, ils s’émancipent. Ils mettent leur touche personnelle et pourquoi pas vous font à manger pendant que vous bouquinez tranquille avec une flemme monstrueuse !

La cuisine est un média intéressant, ludique, pour apprendre à se servir de ses mains, de sa tête, à réviser ses maths et à lire, à faire un peu de chimie, à s’autonomiser, à prendre des responsabilités et des décisions. C’est un terrain d’échange et d’apprentissage et un potentiel d’expérience neutre pour apprendre à faire ensemble. Cette proposition entraîne aussi de l’entraide et des échanges, du partage de connaissances… Le cadre bienveillant, la présence de l’adulte et son aide logistique permettent plein de choses. Pourquoi ne pas faire pareil avec des adultes, avec un brin d’adaptation, mais peut être pas tant !
De fait,certaines de mes idées pour accompagner les adultes viennent de mes lectures/réflexions/expérimentations/convictions sur les enfants et leur éducation. Tout ces supers outils que nous développons pour ces derniers, pourquoi ne pas y recourir pour les adultes ? Pourquoi se limiter à une tranche d’âge ? Pourquoi ça ne fonctionnerait pas avec les plus grands ? Prenez par exemple n’importe quel outil de gestion des émotions destiné aux enfants, vous ne l’utiliseriez pas un peu pour vous ?

Mes expériences auprès des enfants ont donc constitué les premiers pas de mon cheminement. Puis, j’ai préparé mon CAP (obtenu en 2023) à la maison, ce qui m’a obligée à faire beaucoup de gymnastique organisationnelle pour transformer une cuisine familiale en espace répondant à des exigences professionnelles. Ce jonglage m’a permis de mesurer la place de la temporalité, de l’ordonnancement des actions, de la nécessité des bons outils, de la connaissance et la préparation des ingrédients, de la gestion de l’espace et celle de l’urgence et de l’imprévu… Les observations ainsi faites durant ma formation et mes stages m’ont amenée vers ce parallèle : tout ce qui se fait dans une cuisine professionnelle est comparable à la vie d’une équipe au quotidien, gérer du temps, des moyens, des outils…J’ai pris conscience, puis la mesure de cette idée et de son intérêt au fur et à mesure de la maturation de mon projet pour aboutir à cette conclusion : La cuisine est un support de transversalité ! Elle peut servir à réfléchir, analyser le quotidien, ou être espace d’expériences qui seront réutilisables par les équipes dans leurs domaines d’activités.

Et la maturation de mon projet n’est pas encore finie ! il y a encore un constat qui vient l’alimenter : pour moi, cuisiner c’est aussi offrir du temps à notre cerveau, à la fois pour qu’il réfléchisse et pour qu’il se repose… Et non ce n’est pas paradoxal, je dirais même que je trouve ça assez logique.

Dès que j’ai les mains occupées à quelque chose, mon cerveau en profite pour partir loin et c’est souvent dans ces moments que surgissent idées et solutions, ça fonctionne aussi avec la vaisselle [j’en ai interrompu une pour venir jeter mes idées en vrac, pour de vrai!!] mais bon je ne suis pas sûre que ça marche aussi bien, vous imaginez « Vaisselle et facilitation » c’est moins vendeur 🙂 « .
Là où j’ai vraiment conscientisé le lien entre cuisine et temps de réflexion, c’est lors de mon deuxième stage en cuisine, dans le Périgord au restaurant Le Bareil. Lors de ces 8 semaines, les tâches récurrentes que j’ai eu à effectuer, les légumes,je vous assure que j’en ai passé des heures à couper/éplucher… la préparation des kilos de gésier et la réalisation de centaines de samoussas… ont été des moments propices à la réflexion et pas que ! Ces moments m’ont aussi offert des occasion de me ressourcer, de me détendre. En fait les deux aspects (réflexion et détente) sont liés parce qu’en cuisine, et j’élargis là à l’ensemble des tâches, les actions sont à la fois/chacune leur tour :

👨‍🍳répétitives →nous laissons divaguer nos pensées,
👨‍🍳 ardues → elles nous demandent de la concentration.
👨‍🍳créatives → Sur la créativité et le pas de coté, je vous renvoie vers deux articles de Ciloubidouille que j’aime bien, et ,[parce que si je me lance sur le sujet ça va faire une grosse digression et j’ai déjà du mal à canaliser toutes mes idées…]

C’est par ces trois caractéristiques que la cuisine nous permet, je pense, de lâcher prise avec le flux routinier, la charge mentale. Et ainsi nous donne de l’espace pour réfléchir, pour imaginer, pour oser penser. En même temps, cette disposition d’esprit particulière fait du bien à notre cerveau, et recharge ses batteries.

Quoi d’autre ? parce que je n’en ai pas fini ! La cuisine a aussi un impact sur la relation aux autres.
Vous avez déjà cuisiné en famille, avec des amis ? Les relations, les interactions peuvent se modifier… La place de chacun peut évoluer. Les leaders peuvent ne pas être les mêmes, des compétences peuvent se révéler. Mon idée c’est que pour une équipe qui a ses habitudes, où chacun à son rôle, se retrouver à cuisiner ensemble va faire bouger les frontières, permettre de révéler d’autres facettes, de ne pas se sentir enfermé dans sa fonction, de libérer la parole aussi. Une participante à un de mes ateliers m’a dit « j’ai osé dire des choses que je n’aurai pas dite si j’avais senti le regard des autres sur moi, là chacun est concentré sur son légume et c’est plus facile de s’exprimer ». J’ai aussi noté « on lâche un peu d’ego » et «  ça fluidifie les échanges de parler en cuisinant ».
Ces moments partagés sont aussi des occasion d’apprendre à mieux se connaître, à se découvrir sous un autre jour, et être ainsi facteur de cohésion.

Pour terminer, je vais vous parler d’une autre professionnelle, dont j’ai découvert le travail via son site obligeamment partagé par mon petit frère qui essaye de me suivre dans mes aventures !

Elle dit : « La cuisine est un médiateur et un support surprenant ». Ça vous fait jamais ça de trouver dans la bouche d’un·e autre des mots que vous aimeriez bien vous approprier? Une phrase slogan que j’aurais aimé trouvée 😇 . Il s’avère que cette femme propose de faire de la cuisine-thérapie, ce qui est super intéressant comme concept et très rassurant pour moi, dans le sens où partager des convictions, se dire que quelqu’un d’autre a eu une idée proche de la sienne, bah on se sent moins seule, ça renforce, c’est quand même pas mal. Bon, il ne faudrait pas qu’on soit trop nombreux/breuses mais deux c’est bien :-). Et puis elle habite loin de chez moi, alors tout va bien.

Pour résumer et conclure, pour ce projet, j’ai décidé de lier la cuisine et la facilitation car pour moi la cuisine constitue :

  • Un média intéressant, terrain neutre d’apprentissage
  • Un support de transversalité
  • Un moyen pour lâcher prise, entrer en réflexion, en créativité et se ressourcer
  • Un espace facilitant pour la parole, sortir de l’aspect limitant des fonctions de chacun, mieux se connaitre

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