Le développement de la personne


un livre à lire si on s’intéresse à l’écoute, la posture d’écoute, l’accueil inconditionnel de l’autre et à tout ce qui peut en découler en terme de relation et de développement personnel.

Présentation de l’éditeur : C’est en 1968 que paraît Le Développement de la personne, traduction française du best-seller de Carl Rogers On becoming a Person. Dans cette œuvre maîtresse, Carl Rogers met l’accent sur les différentes formes de la communication. Il s’intéresse particulièrement aux formes de relations d’aide (thérapeutiques, pédagogiques), qui favorisent une meilleure appréciation des ressources latentes de l’individu, ainsi qu’une plus grande possibilité d’expression. 

J’ai suivi il y a quelques années un mooc intitulé « Comment améliorer l’éducation autour de moi » (https://www.colibris-lemouvement.org/projets/luniversite-colibris/mooc-comment-ameliorer-leducation-autour-moi), cette formation en ligne proposait aux participant·es de se regrouper, de se rencontrer pour échanger et travailler ensemble. Un groupe a été créé en Sarthe auquel j’ai participé et grâce auquel j’ai fait de très belles rencontres !!!
Notamment Claire et Olivier qui venaient de suivre une formation durant laquelle ils avaient rencontrés Carl Rogers, enfin sa pensée, son approche. À force de les entendre le citer, j’avais noté son nom et des références de livres, dont celui-ci. Début 2022, quand j’ai commencé à imaginer que peut être,un jour, pour de vrai j’allais m’inventer un métier autour de la facilitation, j’ai acheté des livres (je suis toujours à la recherche de bonnes raisons pour avoir de nouveaux livres ) et dans la liste j’ai glissé le développement de la personne ! Il faut dire qu’ils m’avaient intriguée à force de le citer!

Olivier
Claire

J’ai commencé à le lire début 2023, mais entre le CAP cuisine, les stages, les petits contrats et la vie quotidienne je ne m’y suis vraiment mise qu’à l’automne et j’ai terminé très vite. Je ne vais pas en faire ici une analyse, ou un résumé exhaustif, j’en ai eu une lecture à mon échelle, là où ça m’intéressait, et c’est ce que je vous partage, mon regard aujourd’hui, en quoi il m’a touchée, plus particulièrement marquée.
Ce livre est par moment très technique, il date de 1961 dans sa version originale, c’est un recueil d’articles qui a pour objectif de toucher un public plus large que les précédents, qui s’adressaient surtout à une minorité composée de psychologues et de spécialistes. Chaque article est recontextualisé et peut être lu indépendamment. L’ouvrage parle d’écoute de soi et d’écoute de l’autre, il montre une réflexion et l’analyse que fait Carl Rogers de son travail, ça m’a semblé à la fois complexe et limpide mais surtout plein d’humanité. J’ai vite compris pourquoi il m’avait été conseillé ! Tout ne m’a pas parlé de la même façon mais même les articles les plus techniques m’ont semblé accessibles. Je pense que chacun peut y trouver quelque chose (et c’est d’ailleurs son objectif), dans sa réflexion personnelle ou professionnelle. Je vais simplement vous partager quelques notes que j’ai prises, ce que moi j’y ai cueilli, ce qui m’a le plus parlé.
En espérant vous donner envie !

  • Dans les 25 premières pages, il se présente à travers son parcours professionnel et des expériences/découvertes qu’il a faites et qui le définissent, cette partie donne déjà un aperçu assez précis de sa vision. Je vous en cite deux extraits « La vie, dans ce qu’elle a de meilleur, est un processus d’écoulement, de changement, où rien n’est fixe… » (p. 23), « je ne puis qu’essayer de vivre suivant ma propre interprétation de la signification présente de ma propre expérience ; je ne puis qu’essayer de permettre aux autres, et de les laisser libre de développer leur propre liberté interne afin d’atteindre une interprétation signifiante pour eux de leur propre expérience… » (p. 24).
  • La deuxième partie est intitulée « comment puis-je aider les autres? », il y parle des avancées en psychothérapie et des caractéristiques de la relation d’aide telle qu’il la pratique et explique comment pour lui cette relation est constructive ( p. 26 à 51).

La partie suivante ( p. 55 à 109) décrit « le processus de maturation et de changement d’un individu dans la relation thérapeutique ». Pour lui il y a 7 stades qu’il décrit en s’appuyant sur des cas réels citant des dialogues, l’évolution du discours de clients. Le processus qui s’appuie sur le principe de « thérapie centré sur le client » et « implique le passage de la non congruence à la congruence ». Les pages 107 à 109 sont un résumé de son argumentation et je ne vais pas tenter de le refaire. Juste je vous propose une définition de la congruence qui est un des principes clés de la relation d’aide pour C.Rogers., D’après le Larousse c’est le « Fait de coïncider, de s’ajuster parfaitement ». En psychothérapie c’est l’alignement et la cohérence entre nos pensées, nos ressentis, nos paroles et nos actions. Pour l’auteur de cet ouvrage, la congruence est la correspondance exacte entre l’expérience et la prise de conscience de cette expérience [définition que l’on retrouve plus loin dans l’ouvrage (p. 223)].
Par exemple il y a non congruence entre l’expérience et la conscience si l’on dit « je ne suis pas en colère » (alors que si) ou entre l’expérience et la communication quand on dit « j’ai passé une très bonne soirée » (alors que non).

  • « Une philosophie de la personne est le titre » de la quatrième partie [on avance il y en a 7!!], C.Rogers y pose la question « quel est le but, quelle est la finalité de mon existence? » et tente d’y répondre à partir de ce qu’il a appris de ses clients qui en avançant dans leur thérapie lui partagent des sentiments, réactions assez similaires.
  • Voici les notes que j’ai prises sur ce sujet :
    – Fluidité plus que rigidité ;
    – Accepter les autres de la même façon (que soi), attentive et compréhensive ;
    – Être réaliste de façon créative et créateur de façon réaliste ;
    – Dépasser la peur d’être soi-même.
  • Et quelques citations
    – « être entièrement soi-même […] c’est ressentir avec une fierté grandissante qu’on est un membre sensible, ouvert, réaliste […] qui s’adapte courageusement aux situations complexes et changeantes » p. 127
    -« la personne (dans sa plénitude) fonctionnant pleinement éprouve, utilise la liberté la plus absolue quand elle veut et choisit spontanément, librement et volontairement ce qui est par ailleurs déterminé » p. 137.
    Dans cette dernière phrase, j’ai envie de souligner la notion du choix volontaire et conscient des actions que l’on mène. Savoir pourquoi dans un contexte précis, on va dans une direction plutôt qu’une autre et valider que l’on fait ce choix est, pour moi, quelque chose d’extrêmement aidant, constructif et allégeant. Et voilà c’est tout, je ne sais pas du tout comment faire une transition avec la partie suivante. Mais bon, c’est mon article je peux quand même mettre mon grain de sel de temps à autre 😂 .
  • La partie 5 est intitulée  » observation des faits, le rôle de la recherche en psychothérapie ». Carl Rogers y parle du grand écart entre le métier de chercheur qui demande la plus grande objectivité possible, et celui de thérapeute qui implique d’être dans la subjectivité. Il faut vraiment lire le chapitre pour suivre sa réflexion, car c’est toute la démarche intellectuelle qui fait sens et permet de conceptualiser l’intégration, la forme d’équilibre qu’il trouve entre les 2 postures. Il y a ensuite un long article qui reprend les résultats d’une recherche universitaire pour montrer l’impact concret de la psychothérapie sur l’évolution de la personnalité.
  • L’avant dernière partie « Qu’est ce que vivre implique » fait le lien entre les apprentissages de la psychothérapie et leur implication dans l’éducation, la communication interpersonnelle, la vie de famille et le processus de création.
    – Il parle de processus d’apprentissage et de leurs applications en enseignement « pour apprendre, il faut vivre, découvrir, s’approprier pour soi-même » p. 183 à 187
    -Il cite les 4 conditions essentielles à remplir pour un thérapeute : La considération positive inconditionnelle, l’empathie et la congruence (avec soi même et avec l’autre) et que ces 3 éléments soient communiqués au patient. Il fait ensuite le lien avec la pédagogie et l’application de cette même posture en tant qu’enseignant et des résultats engendrés sur l’éducation.
    -Il propose pareillement d’utiliser ce qu’il a appris dans la vie familiale, l’importance de l’expression des sentiments, l’authenticité, l’acceptation de l’autre comme indépendant de soi.
    -Entre les pages 222 à 228, il reprend en détail le concept de congruence et décrit ce qu’il apporte notamment dans les relations interpersonnelles. Face à une personne congruente, on a la sensation de « savoir où elle est ». La congruence améliore la clarté de la communication, la capacité d’écoute. Cette posture est la base d’un cercle vertueux, la congruence appelant la congruence. La limite est l’introduction d’éléments nouveaux (potentiellement menaçants) qui en diminuant la congruence, réduit l’écoute….
    -Dans son chapitre sur la création, il repart de ce qu’est le processus de créativité, de ce qui lui est nécessaire et explique comment ces propositions peuvent permettre la créativité constructive en créant une sécurité et une liberté psychologiques.
  • La dernière partie parle des dangers potentiels des sciences du comportement, de leur utilisation non pas pour aider mais pour aliéner. Je vais simplement citer ce qu’il écrit p. 241 : « J’éprouve une forte crainte que le développement des sciences du comportement puisse être employé pour contrôler l’individu ou pour aliéner sa personnalité. Toutefois, j’ai la conviction que ces sciences pourraient être utilisées pour rehausser la valeur de la personne ». Son chapitre décrit ce qu’il pressent ou constate déjà comme dangereux et comme profitable, sa conclusion est que c’est un choix à faire, que le développement des sciences du comportement présenteront toujours le paradoxe de pouvoir aliéner ou libérer et qu’il faut en avoir conscience et le vivre.

Voilà je suis au terme de ce long article, j’espère qu’il n’est pas trop décousu, ni trop descriptif. Je tenais à le faire mais la lecture et mes notes datent un peu, c’est moins facile d’être fluide et en phase avec le texte. Le message principal pour moi est celui que j’ai souligné en jaune, ces façons d’être qui facilitent la relation à soi et aux autres et qui sont des outils universels, transposables de la thérapie à tous les actes de la vie.

Si ça vous intéresse d’aller plus loin un autre article pas trop long qui parle de l’ouvrage, d’une façon moins personnelle que la mienne: https://www.scienceshumaines.com/le-developpement-de-la-personne_fr_12966.html

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