De la facilitation ??

Comme d’autres termes avant lui « Facilitation » est en vogue, nous sommes nombreux à nous découvrir facilitateurs… Les mots que nous employons sont un sacré reflet du monde dans lequel nous vivons, de ce que nous croyons, de ce que nous voulons y mettre ! Alors qu’est qu’il dit ce « facilitation » ? Et comment se décline-t-il dans ma tête ?

Honnêtement, je ne sais pas quand j’ai entendu ce mot pour la première fois, je dirais que j’ai commencé à regarder ce qui se cachait derrière dans les cinq dernières années et à me l’approprier depuis je dirais…trois ans ? Un truc dans le genre…quant à me sentir légitime et me dire facilitatrice… Comment vous expliquer, la dernière fois que j’ai vu mon maraîcher préféré, avec qui je parle beaucoup au dessus des légumes, il m’a dit « je suis allé voir ton site, il est beau ! Mais en fait, tu es facilitatrice, tu ne l’avais jamais dit, ça aurait été plus simple quand même 🙂 « . Ça nous a fait bien rire, mais c’est sacrément révélateur. Révélateur du travail à faire sur moi à me sentir légitime, peut-être, mais je trouve ça aussi révélateur de comment c’est un concept qui s’est construit.

Moi, comme de nombreux autres, par nos études, nos parcours, nos savoirs et la perception de notre société, avons évolué parallèlement. Nous nous sommes nourris les uns des autres et avons abouti à cette proposition de facilitation, qui a été nommée, s’est théorisée, et a été mise en lien avec les neurosciences, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, les sciences de l’éducation notamment. Tout ça est enrichissant et exaltant, nous sommes le produit de la société et nous la construisons, et comme d’autres avant nous, avons mis des mots sur des concepts qui émergent à notre époque. Notre génération a nommé la facilitation, qui très probablement bientôt sera remplacée, complétée par un nouveau concept, un nouveau terme, et sûrement certains les découvriront à leur tour et s’y reconnaîtront comme je l’ai fait avec la facilitation…car, j’ose à peine citer Molière, mais j’ai envie de dire que je faisais de la facilitation sans le savoir !!

Cette idée exprimée par Molière, que nous faisons sans le savoir, que se soit de la prose, de la facilitation ou n’importe quoi d’autre me plaît bien, j’ai envie de la relier à la facilitation dont un des buts est d’aider à prendre conscience, à se rappeler ce que nous savons déjà faire, sans le savoir ou sans y penser ou sans l’exploiter[je ne sais pas si mon interprétation du bourgeois gentilhomme est juste, mais là tout de suite c’est ce qui m’en reste].
Une grande partie de notre vie, nous « faisons » sans y penser, et heureusement ! Mais parfois ça fait du bien, et parfois aussi nous en avons besoin, de nous poser, de prendre le temps, le recul sur ce que nous faisons. La facilitation permet ça.
Être Facilitatrice pour moi, ça veut dire permettre à un collectif de prendre ce temps, lui apporter un cadre sécurisant dans lequel individuellement et collectivement les participants sont libres de réfléchir, échanger et construire. L’espace ainsi créé par la facilitation s’appuie sur l’intelligence collective et dans le même temps lui permet d’émerger. La notion d’intelligence collective est primordiale, c’est parce qu’elle existe que la facilitation a du sens.

Je relis le début de mon article, et je vois que je pars dans des grandes théories (j’adore les grandes phrases avec plein de mots dedans) mais jusqu’ici, je ne suis pas sûre de vous avoir vraiment éclairés sur ce qu’est concrètement la facilitation. Je vais donc tenter un exercice de synthèse :

  • d’abord la facilitation est un processus, basé sur l’intelligence collective.
  • dans ce processus, il faut un collectif, un groupe et un intervenant-facilitateur qui vient de l’extérieur du groupe [c’est beaucoup plus difficile de faciliter en interne mais ça reste possible, un exercice d’équilibre dans lequel on doit marquer à quel moment on facilite et à quel moment on participe… c’est une histoire de casquette on ne peut pas avoir plusieurs rôles à la fois].
  • le temps dédié à la facilitation doit être précisément défini, ainsi que l’objectif de ce temps et le rôle que chacun y tient.
  • à la fin du travail, un moment est prévu pour synthétiser, faire le bilan. C’est un élément fondamental, marquer la fin et donner aux participants le temps de se poser et de repartir l’esprit clair (mais parfois bouillonnant quand même).
  • on ajoute des outils, apportés par la facilitatrice, adaptés à la taille du groupe, à son expérience et à ses besoins. Ces outils permettent par exemple de favoriser la réflexion collective et individuelle, l’aller retour entre les deux ; l’écoute ; la créativité ; la prise de décision en commun.
  • le plaisir est un aspect important de mon approche, beaucoup d’outils sont ludiques et ne s’opposent pas au sérieux, bien au contraire !
  • faciliter, c’est aussi donner le rythme, emmener le groupe vers l’effervescence, puis permettre le retour au calme, c’est aider au lâcher prise aussi pour permettre le changement, l’innovation.

Donc la facilitation c’est un cadre posé par le facilitateur composé d’un horaire et d’ un objectif clairs pour tous, de rôles, d’outils, d’un rythme et d’une fin et tout ça avec une bonne dose de plaisir !
A la suite du ou des temps de travail en commun, une synthèse reprenant l’objectif, le contenu des échanges et leur aboutissement, est élaborée par la facilitatrice et communiquée aux participants.

Voilà déjà beaucoup d’infos je pense, d’autres que moi parlent autrement de ce sujet, je vous propose quelques liens et vous encourage à en chercher d’autres encore, ceux qui vous parleront à vous :
https://www.klap.io/facilitation-definition/
https://www.podcastjournal.net/Facilitateur-un-nouveau-metier_a24684.html
https://formapart.fr/la-facilitation-vue-de-linterieur/
https://www.youtube.com/watch?v=N1abgm_frew&ab_channel=WORKLAB

J’ai aussi beaucoup aimé cette vidéo : « Comment savoir si on est fait pour la facilitation » : https://www.youtube.com/watch?v=AVnzuo_962U&ab_channel=WORKLAB

Pour finir, moi,une des idées qui m’a amenée à Faridelle, c’est que dans une société où on est surchargé de sollicitations, où on nous encourage à réagir constamment, à être toujours dans le faire, le nez dans le guidon, il faut des temps pour souffler et se recentrer [sous peine de se crasher].
Proposer de la facilitation participe à répondre à ce besoin, faciliter c’est créer des temps, des espaces de pleine écoute, dans lesquels je suis là pour organiser, prendre en main, et pour écouter pleinement ce qui y est dit. C’est tout le sens que je mets dans ce que je propose, et toute la valeur que j’accorde à ce travail, parce qu’offrir ces respirations, c’est déjà beaucoup, c’est ce qui je crois peut aider un collectif. Je suis convaincue que de la même manière que chacun en tant qu’individu nous allons [ou nous devrions je crois] chercher des espaces pour souffler et dans lesquels nous nous (re)construisons, toutes les équipes ont besoin d’espace temps pour elles, pour pouvoir créer les conditions de cohésion, d’harmonie utiles au travail et au bien-être des personnes.

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